01.01.2021

Coeur à Coeur 2020 - Où vont vos dons ?

L’opération Coeur à Coeur que nous organisons en partenariat avec la RTS a eu lieu du 12 au 18 décembre 2020. Plus d’un mois après, nous faisons le point avec Fabienne Vermeulen, responsable des programmes en Suisse.

2’028’186 francs de dons collectés en 2020. Et maintenant ?

Coeur à Coeur est l’événement que nous organisons chaque année en collaboration avec la RTS et qui a pour objectif de collecter des fonds pour les enfants victimes de maltraitance physique, psychologique, de négligence ou d’abus en Suisse. L’édition itinérante 2020, adaptée en fonction de la situation sanitaire, s’est terminée avec succès puisque 2’028’186 millions de francs de dons ont été collectés. 

Que deviennent ces dons ? Fabienne Vermeulen, responsable des programmes en Suisse, s’assure depuis la première édition de Coeur à Coeur que les dons soient transformés en une aide concrète. Comment ? Découvrez-le dans l’entretien ci-dessous.

 Fabienne Vermeulen, Responsable des programmes en Suisse

répond à nos questions

Fabienne, en quoi consiste votre travail au sein de la Chaîne du Bonheur ?

Mon travail consiste à mettre sur pied et développer le soutien à des projets d’organisations suisses actives dans les domaines de l’aide aux enfants victimes de violence familiale, aux jeunes en rupture et aux personnes sans-abri, et plus récemment aussi aux victimes des répercussions de la pandémie du coronavirus. Concrètement, cela signifie le traitement et l’analyse des demandes avec les soutiens d’expert·e·s, l’attribution des fonds, le suivi des projets, l’organisation de rencontres d’échanges entre organisations, la mise sur pied et l’accompagnement d’évaluations. Je m’occupe aussi de l’aide en cas de catastrophes naturelles, pour laquelle nous collaborons avec la Croix-Rouge suisse et Caritas, nos partenaires sur le terrain.

Lorsque l’événement Coeur à Coeur arrive à son terme, votre travail est loin d’être fini. Que se passe-t-il avec les dons collectés?

Quelques jours après la fin de l’opération Coeur à Coeur , un appel à projets est lancé. Les organisations, actives dans le domaine de l’aide aux enfants victimes de violence, qui souhaitent développer un nouveau projet peuvent alors solliciter un formulaire de demande. Chaque demande est ensuite analysée, et si elle correspond à nos critères, elle est transmise au groupe d’expert·e·s.

Une séance d’analyse est ensuite agendée, lors de laquelle  toutes les demandes reçues sont analysées. Les demandes les plus pertinentes sont retenues pour un financement. Chaque organisation soutenue signe ensuite un contrat, l’engageant entre autres à soumettre un rapport intermédiaire et un rapport final (y compris financier), qui nous permettra d’assurer le suivi, et vérifier que les fonds sont bien utilisés.

Comment choisissez-vous les organisations qui recevront un soutien ?

Dans le formulaire de demande que les associations/fondations doivent remplir, de nombreuses questions sont posées, tant à propos de l’organisation que du projet en lui-même. Pour être financés, les projets devront répondre aux lignes directrices de la Chaîne du Bonheur. Les demandes doivent pouvoir démontrer en quoi le projet répond à un réel manque et apporte un plus significatif pour le bien-être des enfants. Des objectifs précis et réalistes doivent être posés, et la logique d’intervention doit être clairement décrite.

Les projets doivent démontrer leur ancrage au sein du réseau local et les connexions et collaborations avec d’autres acteurs du dispositif existant. Les perspectives de financement futures doivent être réfléchies, car nous voulons avoir un impact durable.

Comment ces organisations viennent-elles en aide aux enfants victimes de violence familiale en Suisse ?

Toutes les organisations ont leur particularité, et interviennent à des niveaux différents. La majorité des organisations nous soumettant des demandes accueillent des enfants avec ou sans leurs parents pour les mettre à l’abri. Cette tâche est financée par les pouvoirs publics, mais pour développer des solutions adaptées aux différentes problématiques rencontrées par les enfants ou pour tester de nouvelles approches pour venir en aide aux enfants de manière plus adéquate, les institutions manquent souvent de ressources.

La Chaîne du Bonheur soutient divers projets qui visent à renforcer les droits des enfants lorsqu’ils sont placés, encourager leur participation dans les décisions qui les concernent pour que leur voix et leurs besoins spécifiques soient mieux entendus et pris en compte. Des activités visant la résilience des enfants victimes et le renforcement du lien parents-enfant sont également soutenues. Cette année, la Chaîne du Bonheur souhaite aussi soutenir des activités de détection et de prévention auprès d’enfants potentiellement menacés par une situation de violence.

Avez-vous un exemple concret ?

As’trame Valais par exemple, vient en aide aux enfants et adolescents exposés à de hauts conflits lors d’une séparation parentale et effectuent, en parallèle, un travail sur la coparentalité́ avec les parents.

Lorsque les enfants se retrouvent pris dans d’interminables conflits parentaux, ils en souffrent beaucoup et cela peut avoir un impact majeur sur leur développement futur. Ils sont régulièrement pris à partie par un parent contre l’autre, servent de messager entre leurs deux parents et leur estime de soi est fortement affectée car chacun des parents leur renvoie d’eux-mêmes une image opposée et incompatible avec les autres. L’exposition continue à de la violence verbale, psychologique voire physique est porteuse de risques importants pour leur santé psychique.

Dans le cadre de ce projet, la contribution financière de la Chaîne du Bonheur permet d’améliorer le dispositif de soutien en finançant un poste de psychologue ou d’éducateur/trice social·e.

« La violence à l’encontre des plus faibles est intolérable. Mais au-delà de l’aspect choquant que revêtent les mauvais traitements à l’encontre des enfants, le phénomène de la violence familiale doit être abordé sous le prisme d’un changement des mentalités et de la libération de la parole. La violence familiale ne peut et ne doit plus être considérée comme une affaire privée. »
Fabienne Vermeulen, Responsable des programmes en Suisse

Cette année, les dons peuvent également servir à financer des activités de prévention et de détection de la violence, pourquoi ce choix?

Les enfants hébergés en structures d’accueil ne représentent que la pointe de l’iceberg. De nombreux cas sont méconnus. Cette année, il nous a semblé important d’agir également en amont. En effet, la crise sanitaire et économique fait ressurgir beaucoup de mal-être, de peur, de précarité et risque d’accroître la violence au sein des familles.

Pour pouvoir détecter la violence au plus vite et apporter aux enfants le soutien dont ils ont besoin, des actions de prévention sont nécessaires, mais aussi des instruments pour renforcer la capacité des enfants à se prémunir d’actes de violence et augmenter leur résilience.

Pourquoi était-il important de collecter à nouveau des dons pour les enfants victimes de violence familiale en Suisse?

La thématique de la violence familiale à l’encontre des enfants est plus que jamais d’actualité. La situation actuelle risque en effet d’aggraver le quotidien de nombreux enfants.

Les projets que nous avons pu soutenir jusqu’ici démontrent que les besoins sont importants, et qu’un soutien financier demeure indispensable à bon nombre d’organisations pour pouvoir offrir aux enfants l’aide dont ils ont besoin. Finalement, il est important de rappeler que la Chaîne du Bonheur a à coeur de favoriser, dans la mesure du possible, une durabilité des prestations et des résultats.

La cause des enfants victimes de violence familiale en Suisse vous touche. Pourquoi ?

La violence à l’encontre des plus faibles est intolérable. Mais au-delà de l’aspect choquant que revêtent les mauvais traitements à l’encontre des enfants, le phénomène de la violence familiale doit être abordé sous le prisme d’un changement des mentalités et de la libération de la parole. La violence familiale ne peut et ne doit plus être considérée comme une affaire privée.

Il est aussi indispensable que les différents acteurs de la protection de l’enfance travaillent en réseau, avec un soutien suffisant pour répondre au mieux aux besoins des enfants victimes.

Merci Fabienne et rendez-vous au cours de ces prochains mois pour parler des premiers projets soutenus !

Vous souhaitez soumettre une demande de financement pour un projet en faveur des enfants victimes de violence familiale en Suisse ?
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